dimanche 30 octobre 2011

Soirée avec Michel Rabagliati

La bibliothèque de Gatineau recevait en conférence mercredi dernier le bédéiste Michel Rabagliati, créateur de la populaire série 'Paul'.



Débordant d'énergie et d'humour, Rabagliati a commencé par retracer ses débuts en tant que graphiste, illustrateur et apprenti typographe. Le survol de ses premières sources d'inspiration nous permit de redécouvrir avec lui- et avec son enthousiasme contagieux- les oeuvres d'artistes comme Miroslav Sasek, Alain Grée et Tex Avery. Avec affection, il s'attarda sur chaque artiste, chaque style, en précisant qu'il ne partage pas la pudeur qu'ont certains artistes à révéler leurs influences et leurs source d'idées: "Je sais d'où je viens, je sais qui m'a inspiré" déclara-t-il.


Aux illustrateurs se joignirent les bédéistes qui firent découvrir à Rabagliati les possibilités infinies du médium, et à leur tour furent loués l'oeuvre d'Albert Chartier, l'impeccable mise en scène d'Hergé et le style frénétique de Franquin. Rabagliati révéla qu'un attrait pour l'aspect de permanence de la BD, à l'opposé de la nature passagère de l'illustration commerciale, l'inspira aussi à mettre la première aventure de Paul, personnage autobiographique, sur papier. Cette notion de permanence est revenue à plusieurs reprises au cours de la soirée, notamment lorsque Rabagliati a décrit photographier avec soin les rues et immeubles distinctifs de Montréal pour compiler ses propres albums de références. En effet, dans les albums de 'Paul', Montréal est elle-même un personnage vibrant, immortalisée fidèlement et avec un amour palpable par Rabagliati.

Avec sa candeur amicale, il répondit à toutes les questions qui ponctuaient la présentation. Aux bédéistes en herbe souhaitant présenter leur travail à un éditeur, Rabagliati a conseillé de s'en tenir à des histoires courtes- une vingtaine de pages tout au plus- à l'exécution simple, voire à l'état d'esquisse, et aussi d'être préparé à faire des modifications selon les recommandations de l'éditeur: "Arriver avec des centaines de pages toutes colorées qui t'ont pris 8 ans à finir, c'est suicidaire. Si ils disent non, ou si il faut faire plein de changements, c'est bien trop décourageant..." Il a aussi recommandé aux artistes de peaufiner leurs talents de scénaristes et de raconteurs en remarquant qu'une bonne histoire peut être vivement communiquée par un dessin au style rudimentaire mais que même un visuel d'enfer ne peut sauver un récit fade ou maladroit.

On lui a aussi demandé si, en tant qu'artiste autobiographique, il avait rencontré des objections de la part de ses proches en voyant leurs vies et histoires divulguées sur ses planches. À part un petit inconfort de sa fille adolescente qui l'a mené à changer le nom de la fille de Paul et Lucie (d'Alice, son vrai nom, à Rose), il a expliqué que sa famille était en général très encourageante vis-à-vis son oeuvre. En somme, le ton de la série 'Paul' est positif et sympathique, rendant hommage à ses proches plutôt que d'employer la raillerie ou le cynisme à leurs dépens, une attitude qu'il entend préserver: "Je n'ai pas envie de laver du linge sale en public, ce n'est pas ce que 'Paul' représente pour moi..."

Après la présentation, Rabagliati s'est généreusement attardé pour converser avec tous les participants et dédicacer leurs livres, achevant ainsi une soirée colorée avec un artiste bien de chez-nous et un joyau du monde de la bande dessinée.



Le prochain album de Michel Rabagliati, 'Paul au Parc', sera disponible en magasin ce 10 novembre! Visitez le site de Michel Rabagliati pour un aperçu.

Source: Céleste Agnès

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