vendredi 23 décembre 2011

Trois secondes avec Cathon

Étoile montante de la reléve BD, l'artiste Cathon (Catherine Lamontagne-Drolet) a récemment lancé son premier fanzine, 'Trois Secondes Plus Vite', un recueil de ses petites histoire cocasses au style vivant et dégagé.
En plus d'alimenter son blogue de strips BD et d'illustrations, elle collabore avec la bédéiste Iris sur 'La Liste des Choses qui Existent', une conversation enjouée toute en images entre les deux artistes sur divers objets du quotidien.

Cathon nous a fait découvrir son oeuvre et sa personalité un peu plus en profondeur en nous accordant une petite entrevue.

Tu viens donc de finir ton tout premier fanzine, dont les exemplaires se sont envolés comme des croissants chauds à Expozine. Quelles ont été tes expériences- et défis- en réalisant ce premier ouvrage?

Effectivement, Trois Secondes Plus Vite est mon tout premier fanzine. J’y pensais depuis un temps, Expozine approchait et je voulais présenter quelque chose. En temps normal, j’alimente assez régulièrement mon blog, alors j’ai décidé de cesser de diffuser les meilleures choses que je réalisais pour les réunir plutôt dans mon recueil. Ça me frustrait de figer devant une page blanche quand je m’attablais en me disant : «Ok! Aujourd’hui je fais un LIVRE !». Alors j’ai essayé de garder le même degré de désinvolture que sur mon blog, sans essayer de démontrer tout ce que je savais faire, et sans me casser la tête à vouloir inventer la meilleure bande dessinée de l’année. Je pense que c’est ce qui a fait que j’ai eu du plaisir à le faire, et que j’ai déjà hâte d’en faire un autre.

Tes vignettes semblent être largement inspirées du quotidien assaisonné d'un humour espiègle. Est-ce que tu as toujours eu un penchant pour faire rire?

J’aime faire rire, mais je crois que j’aime surtout... rire. Je trouve que le quotidien peut être très drôle si l’on reste attentif, et ça me donne envie de le partager avec les autres. Pour ça, le blog est vraiment un outil merveilleux, puisque instantané : quelque chose me fait rire, j’en fais un dessin, les autres en rient, de voir les autres qui rient me fait re-rire, tout le monde est content, etc.

Le monde de la bande dessinée (en Amérique et ailleurs) est encore souvent perçu comme un 'club de gars'. Il semble toutefois que la BD québecoise jouit d'une relève féminine vigoureuse. D'après toi, est-ce que c'est une forte tendance et quels sont les facteurs qui l'ont encouragée?

C’est drôle parce que j’étudie en arts visuels à l’université présentement, et il s’y est passé la même chose. Les classes sont remplies de filles! Pourtant, quand on regarde seulement la génération précédant la mienne, il en était tout autrement. Je ne saurais pas dire pourquoi. Peut-être que ce sont en partie les nouveaux domaines d’étude plus axés sur les nouvelles technologies et l’ordinateur - modélisation 3D, conception de jeux vidéos, etc. - qui nous volent nos hommes. Haha! En tout cas, je crois que c’est une tendance assez généralisée. Je pense que c’est une bonne chose en BD, dans la mesure où on va peut-être finir par vivre une sorte de milieu moitié-hommes, moitié-femmes. La diversité est toujours intéressante.

Quels artistes t'inspirent le plus?

Ah! La question qui tue. Il y a trop de noms à mentionner! Beaucoup d’artistes en tous genres m’influencent, ne serait-ce qu’en me stimulant à produire, et sans que cela m’amène nécessairement à m’en inspirer de façon frappante. Je ne voudrais pas énumérer 1001 noms, ce serait ennuyant et je m’en voudrais d’en oublier. Ces temps-ci, je suis en train de lire les bandes dessinées originales des Moomins, de Tove Jansson, traduites en anglais. Je n’arrive pas encore à voir si ça ressemble davantage à des histoires pour enfants ou à des histoires pour adultes, et je crois que c’est ce que j’aime le plus! Iris et moi avons également commencé un blogue ensemble récemment, La liste des choses qui existent. C’est vraiment inspirant et drôle de travailler en se répondant, surtout que je pense que nos styles de dessin se marient bien. Je lis également Chris Ware dont je ne me tanne pas... et In Situ de Sophie Yanow que j’ai acheté à Expozine dernier et que j’ai lu 600 fois depuis.

Selon tes expériences, quels sont les meilleurs outils et ressources pour les artistes qui débutent en BD?

Et bien, comme je suis encore en train de débuter, je n’ai pas encore tout à fait acquis tous les trucs des cools. Mais je crois qu’il faut surtout embarquer dans tous les projets qui nous tombent sous la main et qui nous tentent... En parler avec d’autres, s’informer sur ce qui se fait, etc. Pis avoir du fun. C’est un gros cliché qui fonctionne bien.

Quels sont tes prochains projets et rêves d'avenir en BD?

Tellement de choses!!! Il est certain que je continuerai à alimenter mon blogue et celui que j’ai avec Iris. Vive les internestres!

Aussi, j’ai déjà des idées pour un deuxième fanzine, qui serait plus gros que le premier, peut-être un peu moins autobiographique, et encore rempli d’histoires courtes et de dessins. Un truc avec des dauphins, des souris mutantes, des enfants qui courent, des petits pois, un veau et des mots inventés. ÇA VA ÊTRE LE FUN!

Trois Secondes Plus Vite de Cathon est disponible sur son blogue. Visitez aussi La Liste des Choses qui Existent de Cathon et Iris.
Source: Céleste Agnès et Cathon

lundi 19 décembre 2011

La Bête du Lac- Tome 1

Les amateurs de fantaisie et d'aventure peuvent se réjouir de la récente parution du premier volume de La Bête du Lac, une série écrite- et colorisée- par François Lapierre (Chroniques Sauvages, Magasin Général- couleurs) et dessinée par Patrick Boutin-Gagné (Contes et Légendes du Québec, Rash).
Ce premier opus nous présente les habitants d'un petit village isolé dans les bois. Ovide, un jeune veuf et père de famille, tente de retrouver son jumeau mystérieusement disparu. Sa rencontre avec une sirène aux desseins un peu louches et une créature monstrueuse déclenche une série d'évenements aux conséquences désastreuses. Inspiré par des mythes amérindiens et québecois, ce récit joint le fantastique à une bonne dose d'humour, avec des personnages bien campés aux dialogues pétulants et un dessin aussi joli qu'expressif. En somme, un premier tome tout à fait charmant qui saura vous divertir et vous laissera aux aguets pour le deuxième...
La Bête du Lac, 'Le Gardien' maintenant disponible en librairie.

samedi 3 décembre 2011

Entrevue avec le bédéiste Mikaël

Ce 8 décembre aura lieu le lancement officiel du premier tome de Rapa Nui, une série dyptique scénarisée par Mikaël et dessinée par Fabrizio Russo.





Mikaël, bédéiste aux oeuvres colorées remplies d'imagination et d'aventure, nous a accordé une entrevue sur son nouvel opus et sur son art.

Parles-nous un peu de Rapa Nui. Est-ce que cette série est issue d'une fascination pour l'Île de Pâques et ses Moai?

C'est en plein ça. Je ne sais pas à quand ça remonte, depuis l'enfance en tout cas. Quand j'ai appris que des statues géantes avaient été érigées par une civilisation ancienne sur ce petit bout de terre, le plus éloigné de toutes côtes, j'ai vraiment été fasciné! Rajoutons à cela que les seules traces écrites (les tablettes rongorongo) n'ont jamais pu être traduites et que lors de l'arrivée des premiers européens sur l'île, les insulaires vivaient une profonde crise et ne se souvenait quasiment plus de l'histoire de leur peuple. Ça stimule l'imaginaire non?!

Et puis plus tard j'ai découvert la civilisation maori, qui a colonisé tout le Pacifique à l'époque où, en Europe, le Moyen Âge battait son plein. C'est une civilisation extraordinaire, avec des navigateurs hors du commun, sur laquelle j'ai lu plusieurs livres. Et de là, l'idée d'écrire ma propre histoire en prenant comme point central l'Île de Pâques a germé et s'est construite au fil du temps. J'ai commencé les premiers synopsis de cette histoire il y a une dizaine d'année environ.

Alors que tu as illustré tes livres précédents, et aussi illustré les récits d'autres scénaristes, Rapa Nui est le premier livre ou tu remets le chapeau de dessinateur à un autre artiste. Est-ce que c'était un peu insolite de voir ton histoire à travers le regard et le crayon de quelqu'un d'autre?

Oui, surtout que, comme tu le précises dans ta question, je suis aussi dessinateur. Donc en écrivant le scénario de Rapa Nui, j'avais déjà pas mal de plan en tête et j'avais aussi une idée précise de certains points et détails. Donc oui, j'ai dû travailler à "lâcher prise" pour permettre au dessinateur d'être libre et d'avoir sa propre vision des choses. Bien sûr, j'avais mon mot à dire, mais c'était surtout pour vérifier que tout collait au niveau du scénario, pour que le lecteur ne soit pas perdu et qu'il aille bien là où je voulais l'emmener.

On retrouve souvent des thèmes d'exotisme et d'aventure dans tes oeuvres. Est-ce que tu as eu l'occasion de voyager? Quelles cultures et régions du monde t'interpellent en particulier?

Effectivement, les voyages m'interpellent beaucoup. La découverte d'autres cultures est quelque chose de très important dans ma vie. Il y a tellement à apprendre des autres que lorsque je voyage, je lis automatiquement des livres sur l'histoire, les habitudes de vie, etc. des pays visités.

J'ai eu la chance de voyager pas mal à travers le monde, et puis j'ai aussi habité dans plusieurs pays; en France, puis aux Antilles, et enfin, à Québec. Quant aux régions du monde qui m'interpellent le plus… pas facile de répondre! J'ai peut-être un petit faible pour la civilisation maori et toutes les civilisations précolombiennes (Incas, Nazca, Maya, etc.). Mais la culture antillaise, québécoise et de la vieille Europe (de l'est comme de l'Ouest) sont aussi une grosse source d'inspiration pour moi. Sans oublier la forte influence africaine, chinoise et japonaise… bref comme je le disais plus haut, pas facile de dire laquelle m'interpelle le plus, hi hi!

La question incontournable: Qu'est ce qui t'a ammené à faire de la bande dessinée?

Alors… et bien je suis tombé tout petit dans les Tintin (tiens, il y a peut-être in lien à faire avec mon goût prononcé des voyages…), les Astérix et autres BD franco-belge classiques. Ces livres m'ont toujours fasciné et j'ai très vite eu envie de raconter moi aussi mes propres histoires. Et comme je dessinais toujours, et bien je me suis aussitôt tourné vers la BD pour raconter mes histoires. Si j'avais eu des prédispositions pour la musique, et bien j'aurai utilisé alors certainement ce médium pour raconter mes histoires, mais c'est tombé sur le dessin pour moi!

En tant qu'artiste autodidacte, quels ont été tes principaux défis et tes meilleurs outils d'apprentissage?

Wow, euh… Le plus difficile c'est que dans ce cas là, on part avec rien, si ce n'est une grosse envie d'apprendre et de s'améliorer en permanence (ce que est bien évidemment encore le cas aujourd'hui, et j'espère d'ailleurs qu'il en sera toujours ainsi !). J'ai donc dû faire mon apprentissage tout seul, tant sur le point de l'écriture du scénario, du dessin et de la couleur. Et c'est de l'ouvrage! J'ai d'abord appris en lisant beaucoup de livres sur le sujet, en recopiant mes BD préférées pour comprendre comment les personnages étaient construits et comment on racontait l'histoire en dessin.

Puis, après ma première BD éditée, j'ai pas mal tourné vers les festivals de BD pour signer mon livre, et là je pouvait demander à mes pairs des conseils pour m'améliorer. Je glanais donc de-ci de-là des conseils, des infos, des astuces qui me permettaient de progresser. Il faut dire qu'à cette époque, il y a 10 ans, on n'avait pas internet encore en France- où j'habitait! Ce qui fait que je n'avais pas accès à tous les tuto disponibles maintenant. Donc ma progression a été peut-être plus lente qu'elle ne l'aurait été aujourd'hui.

Comme tu fais de tout, du scénario à la couleur, est ce que tu as des étapes favorites, ou encore d'autres qui te font grincer des dents?

Pour moi, ce qui est plus le fun, c'est l'histoire: élaborer un scénario, prendre le lecteur par la main et l'emmener exactement là où on veut pour lui raconter l'histoire. Ensuite l'étape du "story-board" ou "découpage dessiné" est aussi très excitante, car c'est là où je vais transformer mes phrases du scénario en dessin, et ça c'est aussi bien le fun!

Ensuite la partie dessinée est pour moi la plus laborieuse, car je ne dessine pas aussi bien que je le voudrais et ça me pèse beaucoup. C'est là où j'ai le plus de difficultés. Mais je doit avouer que depuis peu, plusieurs choses dans mon dessin se sont débloquées et je prends de plus en plus de plaisir à dessiner!

Qui sont tes artistes BD favoris, et/ou quelles bande dessinées t'ont particulièrement marqué?

Je dois avouer que mes  influences se tournent plus du côté du cinéma avec par exemple les univers de Hayao Miyazaki, Tim Burton, et JP Jeunet. Et aussi vers certains illustrateurs comme Rebecca Dautremer, Benjamin Lacombe, Dice Tsustumi, Edward Gorey, James Paick…

Mais pour en revenir à la BD, il y a quand même des artistes majeurs qui m'influencent: Loisel, Letendre, Manu Lepage, Florence Magnin, Marini, Bonin, Mathieu Lauferay, Vincent Perriot…

En mot de la fin: Tu as de nouveaux projets à l'horizon... Est-ce que tu peux nous en dévoiler un peu?

Présentement, je suis sur une BD jeunesse, un conte antillais, le 2ème de la série, ça s'appelle "Félice et la Kaz Hurlante". Sinon le tome 2 (suite et fin) de Rapa Nui avance bien et est prévu pour l'an prochain (j'ai reçu de la part du dessinateur la page 26 la semaine dernière !)

J'ai aussi achevé récemment Circus, une autre BD jeunesse chez Clair de Lune qui, quant à elle, sortira en mars/avril 2012.

Et puis j'ai un projet qui vient d'être accepté par un éditeur européen, cette fois c'est une histoire plus sombre, un western surnaturel, écrite par un scénariste où je suis au dessin et la couleurs. Mais comme je suis en pleines négociations, je n'en parle pas trop tant que ce n'est pas définitivement signé. Mais dès que ce sera fait, j'en ferai l'annonce sur mon site et ma page facebook bien évidemment!

Rapa Nui 'Découvertes' (tome 1), disponible en librairie le 8 décembre. Aperçu disponible sur mikaelbd.com

Source: Céleste Agnès - Mikaël